Les énergies renouvelables en Tunisie : entre opportunités prometteuses et obstacles à surmonter
Dans les quatre années à venir, 65.000 ménages à faibles revenus en Tunisie seront raccordés au réseau basse tension grâce à des unités de production d’électricité powered par l’énergie solaire photovoltaïque. Cette initiative, nommée « Prosol Elec Économique », est mise en œuvre par l’Agence Nationale pour la Maîtrise de l’Energie en collaboration avec la Société Tunisienne de l’Électricité et du Gaz. La Tunisie est en train de prendre la tête de la transition énergétique pendant cette crise énergétique et climatique sans précédent. Quel est le niveau de développement des énergies renouvelables en Tunisie? Quel est son potentiel de réussite ? Quels obstacles existent à la croissance de ce secteur ? En analysant les travaux de Faouzi Chokri, expert en énergies renouvelables, nous avons essayé de répondre à ces questions.
La Tunisie bénéficie d’un grand potentiel en matière d’énergies renouvelables grâce à sa géographie et à son climat favorable. Tout d’abord, il y a l’énergie solaire qui peut être utilisée pour produire de l’électricité à travers la technologie photovoltaïque, ainsi que pour le chauffage solaire, en utilisant directement l’énergie solaire pour chauffer l’eau pour un usage domestique et industriel. Il est important de souligner que la Tunisie jouit d’un taux élevé d’ensoleillement, dépassant les 3000 heures annuelles.
En Tunisie, le vent est une autre source d’énergie renouvelable qui peut être exploitée grâce à l’éolien. Cependant, son développement est limité en raison de son coût élevé, ce qui entraîne un financement uniquement par l’État via la STEG, selon Faouzi Chokri. Enfin, la troisième source d’énergie renouvelable en Tunisie est la biomasse, qui consiste à valoriser les déchets urbains et agricoles. Bien que peu développé, ce secteur peut potentiellement produire de l’électricité et du gaz grâce à la méthanisation de ces déchets.
Développement des Énergies Renouvelables à Travers des Projets Multiples
L’État Tunisien vise à atteindre 30% de contributions d’énergies renouvelables à la production électrique d’ici 2030. Actuellement, ce taux est d’environ 7%. Même si le gouvernement a mis en place divers projets pour y parvenir, tels que le Plan Solaire Tunisien avec 15 milliards de dinars d’investissements publics et privés, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre l’objectif de départ.
L’objectif de la STEG était de construire cinq stations photovoltaïques avec une capacité totale de 300 MW à Tataouine, Kébili, Médenine, Gafsa et Djerba, mais tous les projets n’ont pas abouti, selon un expert. Il existe un parc éolien financé par l’Agence française de développement dans la région du Cap Bon, une station de stockage d’énergie dans la région de Béja d’une capacité de 400 MW et une centrale biomasse de 15 MW à Tina dans le gouvernorat de Sfax.
La transition énergétique est urgente.
La Tunisie dépend actuellement des importations pour sa sécurité énergétique. Le ratio était de 7% en 2010 et est monté à 49% en 2019, atteignant près de 51% aujourd’hui en raison de la crise mondiale de l’énergie. Faouzi Chokri met en lumière la nécessité pour la Tunisie de trouver des sources d’énergie alternatives et d’optimiser l’utilisation de l’énergie.
La Tunisie connaît un déficit énergétique croissant. Les dernières données publiées par l’Institut national de la statistique montrent une hausse du déficit de plus de 100% en un an, représentant 37,2% du déficit total du pays. La balance énergétique s’élève à -7.922,2 MD à la fin octobre 2022, contre 3.982,7 MD à la fin octobre 2021.Les importations d’énergie ont augmenté de 83,6%.
Quels sont les obstacles à la croissance des énergies vertes ?
L’expert affirme que la cause du ralentissement de la mise en œuvre de cette stratégie réside principalement dans l’absence d’une détermination politique sincère en raison de l’instabilité gouvernementale qui a persisté depuis 2011 et des divergences entre les ministres en faveur des énergies fossiles et ceux en faveur des énergies propres.Aussi les obstacles réglementaires aux investissements dans les énergies renouvelables sont perçus comme complexes et dissuasifs pour les investisseurs, selon Faouzi Chokri.
Des financements difficiles pour les projets d’énergies renouvelables selon Faouzi Chokri: « Les projets financés par la STEG sont considérés comme à haut risque par les banques et donc non financés ». Les projets d’énergies renouvelables sont également confrontés à des problèmes de connexion au réseau de la STEG qui
détient le monopole de l’achat de l’énergie produite.
Recommandations
Faouzi Chokri recommande également de simplifier les démarches administratives auprès de la STEG pour éviter les délais entre la fin de la construction d’une centrale solaire et sa mise en ligne sur le réseau.
Faouzi Chokri recommande une gouvernance efficace du Fonds de transition énergétique, source principale de financement pour les projets d’énergies vertes, en fournissant des lignes de crédit supplémentaires. Il met également l’accent sur la nécessité d’impliquer les banques locales dans le financement des énergies renouvelables, en particulier pour l’agriculture et les PME.